Le traité sur l’intolérance, de Richard Malka

Ce livre est la plaidoirie de l’auteur lors du procès en appel de l’attentat de Charlie Hebdo qui s’est déroulé dans la salle Voltaire à qui il se réfère. Il estime – et à très juste titre – que son accusé est le religion, du moins dans sa version la plus obscurantiste. Si le christianisme a beaucoup de choses à se reprocher sur le plan historique, il souligne qu’il a appris de ses erreurs et qu’à l’heure actuelle la religion problématique est l’islam. Ou en tout cas l’une de ses lectures.

Ce livre est très documenté et vraiment passionnant. L’auteur remonte au tout début de l’islam. Le texte s’est d’abord transmis oralement avant d’être écrit plusieurs décennies après la mort de Mahomet. Dès le début, deux écoles se sont affrontées, celle des mutazilites qui pensent que la raison est inséparable de la notion de Dieu, qu’il nous invite à réfléchir et celle des hanbalites qui pensent que le Coran est incréé, issu de Dieu lui-même et qu’il faut s’y soumettre sans aucune interprétation ou réflexion. Les débats ont duré plusieurs siècles mais les seconds l’ont finalement emporté. Les mouvements salafistes et wahhabites d’aujourd’hui sont leur descendants directs. Leurs premières victimes sont les musulmans modérés, les femmes, les minorités sexuelles. C’est contre cet islam radical et violent que s’insurge l’auteur et pas contre toutes les formes religieuses pacifiques comme l’islam modéré.

C’est cette notion de Coran incréé qui est le centre du problème, car si le texte est l’émanation de Dieu lui-même, il est Dieu et ses partisans ne peuvent prôner qu’une soumission absolue, idéologie qui anime les terroristes. Il ne faut pas accepter cette dérive et refuser de respecter les croyances mortifères car notre silence permet à ces idéologies de se développer. Certains textes de l’Ancien Testament sont encore plus explicites et violents que le Coran en matière de châtiments et d’esprit guerrier, mais ils ont été mille fois réinterprétés au cours de l’Histoire et plus personne ne les lit ou les applique littéralement. Personnellement je ne serais pas si optimiste à voir les exactions qui se passent au Proche Orient, mais c’est un autre débat.

Les terroristes prétendent venger le Prophète qui aurait été insulté par les caricatures. L’auteur démontre l’inanité de cette idée. Durant sa vie, Mahomet a subi de nombreuses moqueries, cela faisait partie de la culture de l’époque et personne ne s’entretuait pour si peu. Dans la première partie de sa vie il a cherché à rallier les tribus à sa cause et tenait un discours pacifique, dans la deuxième partie, il est devenu plus belliqueux. Une partie du Coran est très pacifique alors que d’autres versets sont nettement plus guerriers. Le courant hanbalite sorti vainqueur du débat a décrété l’abrogation des versets pacifiques. Comme quoi même les courants littéralistes peuvent se livrer à des interprétations quand ça les arrange. L’auteur appelle à ne pas tolérer cette idéologie violente et dévastatrice. Il nous parle aussi de la vie de Mahomet pour replacer certains versets dans leur contexte, ce qui est essentiel avec un texte ancien, sinon on passe à côté de son vrai sens.

Un texte vraiment instructif, passionnant et surtout nécessaire. Un gros coup de coeur pour ce plaidoyer pour la liberté d’expression.

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