Le fusil de chasse, de Yasushi Inoué

Je continue ma découverte des livres audio avec un immense plaisir. Cette forme de lecture me convient très bien, en complément des livres papier ou électroniques. C’est différent de lire le livre soi-même ou qu’on nous fasse la lecture, je crois que cela me ramène à ma petite enfance où on me lisait une histoire le soir. Cette manière de découvrir un ouvrage me donne aussi envie d’explorer des genres que je lis moins en version « livre ». Je connais très mal la littérature japonaise, n’ayant lu en tout et pour tout qu’un livre de science fiction très connu mais dont j’ai complètement oublié le titre et le contenu au bout d’une grosse dizaine d’années et Pays de neige, de Kawabata que je n’ai pas du tout aimé. Ce livre étant lu par André Dussolier que j’apprécie beaucoup, j’avais très envie de le découvrir. Et je n’ai pas été déçue le moins du monde par la prestation de ce grand comédien, la lecture est fluide, parfaite, la voix assurée. Les plages sont séparées par une jolie musique asiatique qui s’accorde vraiment bien au récit.

Inoué m’a réconciliée avec la littérature japonaise et m’a donné envie de découvrir d’autres de ses oeuvres. Le narrateur n’aime pas la chasse, mais un de ses amis d’études édite une revue consacrée à ce sport et vu sa notoriété lui demande d’écrire un poème pour le journal. Il le fait par amitié et dresse le portrait d’un chasseur qu’il a aperçu alors qu’il se promenait au pied d’une montagne. Le texte est plutôt opposé à cette pratique et il s’attend à recevoir des lettres de protestation des lecteurs de la revue, mais rien ne se passe et il oublie complètement son poème. Deux mois plus tard, il reçoit une missive d’un certain Josuke qui s’est reconnu dans le chasseur mélancolique du poème et qui désire raconter son histoire au narrateur. Il le fera à travers trois lettres que lui ont adressé trois femmes, il lui demande de lire les lettres puis de les détruire.

La première lettre vient de Shoko, la fille de sa maîtresse, la deuxième de Midori son épouse bafouée et pas du tout aveugle comme il le croyait et la dernière de Saïko sa cousine et maîtresse. Elles racontent toutes les trois le drame banal de cette relation adultérine et des dégâts qui en résultent dans leur vie. Josuke croyait tout maîtriser, mais il n’en était rien et tout le monde sera détruit par cette histoire. On voit peu à peu les liens se tisser entre les personnages au travers de leurs lettres.

L’histoire est courte et tout en délicatesse. Peu à peu le drame se nouera et si aucune balle réelle n’est tirée, chacune de ces lettres fera voler le coeur de Josuke en éclats, après avoir brisé trois vies. Les relations sont empreintes de jalousie, d’un amour impossible et de haine. Les femmes sont lucides au contraire de Josuke, la profondeur psychologique de ce petit roman est immense. Il n’est pas facile de parler de ce drame à la fois terrible et banal, de ces vies brisées, mais ce livre est un bijou à ne pas manquer. Un texte à la fois court et immense, tout en délicatesse.

Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette magnifique découverte.

2 réflexions sur “Le fusil de chasse, de Yasushi Inoué

  1. Oui tu as raison ! Le format audio permet une autre aventure de lecture. Et, là, André Dussolier dans l’oreille, ça donne envie ! Néanmoins, pour l’instant, j’ai des livres en attente qu’il me faut découvrir en priorité… Bonne continuation livresque

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