Le poète, de Michael Connelly

Jack, journaliste à Denver, ne peut croire au suicide de son frère Sean. Pour ses collègues, la thèse ne fait aucun doute, il était déprimé à la suite d’une enquête sur un meurtre qui n’aboutissait pas et ne supportait plus la pression de son métier. Il a laissé un étrange mot d’adieu qui se révèle être un vers de Poe. Jack se lance dans une enquête sur les suicides de policiers afin de persuader les collègues de Sean de rouvrir l’enquête, il finit même pas attirer l’attention du FBI. En même temps un homme se fait arrêter en Californie après avoir photographié des enfants sur un manège, mais la police locale le relâche rapidement faute de preuves. Le début se met en place lentement, nous suivons les deux enquêtes, un serial killer sévit depuis plusieurs années et s’en prend à des policiers à travers tous le pays, le FBI se doit d’intervenir.

Ce roman est réputé être le meilleur de l’auteur et effectivement il nous tient en haleine du début à la fin. Après un début assez lent, les rebondissements s’enchaînent, les fausses pistes, les tensions au sein de l’équipe du FBI, quelques relations et rivalités amoureuses se multiplient pour notre plus grand plaisir. Le FBI veut débarquer Jack de l’enquête mais il s’accroche.

Au final j’ai préféré L’épouvantail où Jack est plus mûr. Mais c’est sans doute parce que je les ai lus à la suite, il y a plus de dix ans entre les deux et l’écriture de l’auteur a évolué. L’intrigue est très bien ficelée, efficace et le scénario intéressant. Elle présente toutefois deux importants points faibles : la psychologie des personnages et le dénouement. Les personnages ont peu de profondeur, y compris les plus importants, ce qui les pousse à agir n’est pas détaillé ou trop peu. Jack est assez ambigu, il avait une relation en pointillé avec son jumeau, marquée par la culpabilité après un drame survenu dans leur enfance, mais là aussi cette relation aurait pu être mieux expliquée. Même s’il veut aussi prouver l’assassinat de Sean pour que sa belle-soeur soit indemnisée en conséquence, il ne perd jamais de vue le scoop et sa carrière de journaliste, ce que lui reprochera Gordon. Le dénouement arrive trop rapidement, sans que rien n’annonce qui est vraiment le Poète, un peu comme un cheveu sur la soupe et ce n’est pas très convaincant. On ne sait absolument rien de ses motivations et raisons de tuer, comme il arrive à s’échapper, il évite de s’expliquer. Rachel dit que ce genre de tueur « vient de la Lune », qu’il n’y a rien à comprendre, mais c’est un peu léger.

Le milieu de la presse est bien analysé, ses acteurs sont prêts à tout pour dénicher LE scoop et les trahisons y sont la norme, Jack en fera l’expérience, mais il reconnaît qu’il aurait fait pareil. Rappelons que l’auteur est un ancien chroniqueur judiciaire, comme son personnage, il sait donc de quoi il parle. C’est aussi très amusant de voir l’évolution technique depuis trente ans. Le FBI présente un appareil photo numérique (sûrement bien peu efficace à côté de nos téléphones) comme une nouveauté incroyable et haut de gamme. D’ailleurs à propos de téléphone, les agents du FBI doivent chercher des cabines pour appeler le bureau lors d’une planque, on peine à se souvenir de ce monde-là avec nos smartphones greffés à la main.

J’ai beaucoup apprécié ce roman, mais ce n’est pas le coup de coeur que j’en attendais après la lecture de L’épouvantail, sûrement parce que ce livre est considéré comme le roman parfait de l’auteur et que j’en attendais trop. Il ne me reste plus qu’à découvrir le dernier volet des aventures de Jack.

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